-
Pour un essai à transformer.
N'oubliez-pas, vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir.
Flirtant avec le royaume de Belgique
Souvent soumise à d’injustes critiques ;
Une histoire, des hommes forts ;
Là où la mer dévore
De ses crocs blancs d’écume
Un ciel gris nimbé de brume ;
Là où un vent retors,
Vous fouaille, vous mord,
Vous ploie sans effort,
Écorche le décor
Des basses terres du Nord ;
J’ai découvert Dunkerque
Ici, ils disent « Dunkeque »,
Depuis longtemps le R
Est tombé dans la bière.
Pour chasser l’air sévère
Que lui confère l’hiver,
De la ville jusqu’au port
Elle recèle un trésor ;
Un tentaculaire animal,
Son fantastique carnaval ;
Esprit libre de la cité
Âme de ceux qui y sont nés ;
Parmi eux des amis
A leur passion m’ont converti ;
Ils m’ont pris sous leur aile
M’ont expliqué les règles.
Un klet’che tu dois choisir,
Le construire, le bâtir,
Lui confier tes fantasmes
Sans craindre les sarcasmes.
Tu peux singer les filles
Sans souffrir de railleries ;
Personne pour te médire
Si tu te fais plaisir.
Il sera ton avatar
Affrontera les regards.
Sur le chemin d’une autre vie
Tu lui dévoileras tes envies.
Ainsi sous ses oripeaux
Le laid devient beau,
Le timide s’affiche,
La timide s’en fiche,
Elle a jeté sa vertu,
Aujourd’hui s’est vêtue
Pour faire briller les yeux
Rendre les hommes envieux.
Elle a crevé la bulle
De ce monde ridicule
Qui étouffait sa vie
Réprimait ses envies.
La bourgeoise s’encanaille
Sans que personne ne raille
Ses désirs, ses frasques
Ou sa tenue fantasque.
Oubliées les conventions
D’un monde lourd d’inhibitions.
Quant à lui le bourgeois
Pour l’heure, il se fait grivois.
Chaque année les plus vieilles
D’un sourire s’émerveillent,
D’être toujours là,
D’avoir, bon œil, bon pas,
De pouvoir suivre la bande
Jouir de la sarabande,
Chanter, rire aux éclats,
Avant que sonne le glas.
Elles jurent tout bas
Demain être encore là.
Elles songent au temps passé
Où, plus jolies, moins fanées,
La frimousse ravie,
Elles rêvaient d’une autre vie.
Du plus jeune au plus vieux
De tous les carnavaleux
Et cela sans médire
Je puis te le dire ;
Ils caressent l’espoir
De pouvoir avant le soir,
Du plus mignon au plus chenu
Peloter un joli cul ;
Sans faire parler la poudre
Ni s’attirer les foudres
De celle pour qui ce geste
Exécuté d’une main leste,
Semblerait dans l’autre vie
Être une vile infamie ;
Mais d’avatar à avatar
Différent est le regard,
Bien des choses sont permises
Sans déclencher de crise ;
Comme un baiser volé,
Un zôt’che à partager
Avec une jolie fille,
Dont les yeux, pétillent
De bulles de malice
Et se rendent complice
D’un bref instant d’impudeur
Aux douces saveurs du bonheur.
Il n’est pas toujours facile
Pour un esprit fragile,
De changer ses coutumes,
D’enfiler son costume.
Deux ou trois verres d’alcool,
Quelques bières sans faux col,
Un gramme dans chaque œil
Tu marches sur des écueils ;
Voilà tu es en transe
Tu peux entrer dans la danse.
Tu dois pour perpétuer le mythe
Apprendre moult chansons
Aux accents polissons.
Prêt pour le rigodon
Ou tous à l’unisson
Au rythme des tambours
Du kiosque font le tour.
Ballotté sous la houle
Insufflée par la foule,
Dans le chahut, tu pousses,
Parfois tu as la frousse.
C’est le grand final,
Une chaleur animale,
Distillat de sueurs adipeuses
Monte en colonnes fumeuses,
Mêlée à l’odeur âcre et musquée
Des masquelours aux bras enchevêtrés.
Chaîne humaine dont l’effort
Est réglé par le tambour major.
Du plus pauvre au plus riche
Là, personne ne triche.
Du plus grand au plus petit,
Ensemble, tous unis,
Vaillants et fiers dans leurs habits,
Tel une mêlée de rugby
Qui jamais ne mollit
Ne cède ni ne faiblit,
Ils dégagent une belle énergie
Une salutaire folie,
A la gloire de Jean-Bart
Dieu païen des avatars,
De cet univers parallèle,
Bien vivant, bien réel ;
A l’opposé du monde artificiel
De ces communautés virtuelles
Qui fleurissent sur la toile,
T’envoient chercher dans les étoiles
Matière à rénover ta vie,
A assouvir tes envies ;
Dans une hypothétique existence,
Allégorie dont l’apparence,
En occultant la réalité
Conforte en fait ta vanité.
Ces images dont tu t’enivres
Que l’écran te délivre
Sont subtilement addictives ;
Dangereusement elles te privent
D’une franche convivialité,
De grandes et réelles amitiés.
Derrière le clavier
Dont tu es prisonnier,
Cette existence si tu l’acceptes
En idéalisant son concept,
N’est en fait qu’un succédané
De bien piètre qualité ;
Trop simplement elle se résume
A une vie qui se consume
En une sombre solitude
En de mornes habitudes.
Rejoins plutôt le carnaval !
Il peut soigner ton mal.
Chaque année il fleurit,
Se pare de joyeux coloris,
Prêt à combattre l’ennui
De tes trop longues nuits.
Bien sûr, aux prémices du printemps
Viendra malheureusement le temps,
De ranger ton avatar
Aux tréfonds d’un placard,
De reprendre une existence
Aux tristes exigences ;
Mais à la prochaine saison
Dès les premières chansons,
Ton avatar s’éveille
Sort de son long sommeil ;
Il t’invite à le suivre
Pousse à te laisser vivre ;
Enfin, tous deux réunis
Vous retrouvez vos amis
Pour partager quelques demis,
Alors, carnaval vous sourit.
M’as-tu prêté grande attention ?
Ai-je répondu à tes questions ?
Sinon, en plongeant ton regard
A l’intérieur de la Jarre
Que Poséidon remit à Jean-Bart ;
Tu y trouveras, la lumière du phare
Qui habillait de folles et pimpantes couleurs,
Le corps, l’esprit, le cœur,
De courageux pêcheurs,
Éloignait d’eux la peur,
Allumait dans leurs yeux
Mille lampions de feux,
Nourrissaient d’espérance
Ces marins en partance ;
Puis confiait au divin
Leur fragile destin,
Où ils bravaient la mort,
Fille des mers du nord,
Qui, au sortir de la fête
Tapie dans la tempête
Sans aucun remord
Décidait de leur sort.
Tu découvriras alors,
Trop souvent fustigé à tort,
Que cette entité peu banale
Que l’on surnomme Carnaval,
Pour tout Dunkerquois, dans son moi profond,
Est ce qu’il subsista jadis tout au fond
De l’antique jarre de Pandore.
Le Loup rouge aux yeux bleus
-
Commentaires