• Le carnavaleux et l’extra-terrestre.

     

    Je vais vous conter l’histoire du beau Jimmy

    Qui s’en allait un soir au bal du carnaval,

    A celui des corsaires, dans le grand Kursaal

    Pour une longue nuit, complètement crasy.

     

    Vêtu de son Klet’che, joliment maquillé,

    Porteur d’un couvre-chef emplumé et fleuri,

    Après que les gardiens l’eurent tous, bien fouillé,

    Il traversa la grand-salle l’œil aguerri,

     

    Chahuté par la houle d’une foule éméchée.

    Bondissant hors d’une troupe de joyeux drilles,

    La plus craquante parmi quelques jeunes filles

    Dans l’élan, tel une pieuvre, resta accrochée

     

    Au beau Jimmy, qui étonné, le cœur battant,

    N’ayant eu à son bras et depuis fort longtemps

    Un si joli minois, se mit en cet arroi,

    A tanguer, à danser, comme le fou du roi.

     

    Elle avait une chevelure flamboyante

    Qui dévalait en une cascade brûlante,

    Un corps parfait, fruit sublime d’une nature

    Génitrice de la beauté à l’état pure ;

     

    Radieuse, sémillante, elle pétillait de feu ;

    Ses grands yeux mauves cerclés d’un liseré bleu

    Scintillaient d’étoiles issues d’un autre monde ;

    De mystérieuses ondes y dansaient une ronde.

     

    Jimmy était fasciné par le troublant regard

    De la demoiselle ; Cet ange né du hasard

    Etait-il réel ? Quel rêve faisait-il là ?

    Jamais une fille de ce gabarit là

     

    Ne s’était jetée ainsi au creux de ses bras.

    Il en restait pantois et ne comprenait pas

    Ce qui la poussait à s’intéresser à lui.

    Phantasme d’hier ! Réalité aujourd’hui !

     

    «Bon ! Ne rêve pas, elle n’est pas dans ton lit.»

    La belle quémanda alors un doux baiser ;

    Jimmy plutôt ravi ne se fit pas prier.

    «Ce soir, c’est carnaval, commençons bien la nuit ! »

     

    Au long de la soirée, il resta avec elle ;

    Ne but presque pas, se montra fort raisonnable ;

    Toujours aux petits soins, s’avéra très aimable ;

    Fier, à quelques amis, il présenta la belle.

     

    Au bout de la nuit l’orchestre stoppa le bal ;

    La fille le suivit à ses appartements ;

    Aux prémices de l’aube, ils devinrent amants.

    Il s’étonna du maquillage peu banal

     

    Qui couvrait le corps de la demoiselle ;

    Elle n’avait pour l’heure pas daigné l’enlever.

    Il faut le dire, mais la jouvencelle,

    Si belle, qu’elle n’avait plus rien à prouver,

     

    N’en était sûrement pas à ses premiers amours ;

    Lascive, elle avait ôté tour à tour ses atours.

    Il n’avait jamais ressenti tant de désir ;

    Quand monta en lui l’ultime instant du plaisir,

     

    Il crut soudain mourir,

    Mourir, mourir de jouir ;

    Le cœur explosé, le cerveau écartelé

    Par trop de sensations ; le regard envolé

     

    Vers une autre vie que l’on ne peut conter,

    Serrés l’un contre l’autre en train de sangloter,

    En apesanteur, ils avaient quitté la terre ;

    Ils firent bien...vingt fois l’amour ; par quel mystère?

     

    Aussitôt prêt, vite raide, il banda toujours

    Et cela sans arrêt jusqu’à la fin du jour.

    Après bien des ébats, enfin ils s’endormirent,

    Apaisés, enlacés, ils semblaient se sourirent.

     

    Le lendemain matin quand Jimmy s’éveilla,

    Elle s’était enfuie, elle était disparue.

    Longtemps il pleura, longtemps il se demanda :

    S’il n’avait pas, tout simplement eut la berlue.

     

    Au fil du temps, doucement il se consola ;

    Le cœur serré, à ses amis il en parla ;

    «L’effet carnaval ! » Disaient-ils d’un rire franc.

    Minuit, jour de Noël, après un éclair blanc,

     

    Elle frappa à la porte côté jardin ;

    Elle tenait à la main un joli couffin

    Avec à l’intérieur, une fille, un bébé

    Toute potelée ; il en resta bouche bée.

     

    « Voilà ! C’est lui ton père ! » Dit-elle à l’enfant,

    Qui avait la peau bleue comme un ciel d’été ;

    Malicieuse, elle ajouta en le regardant :

    «Bien ! Je me dois de te dire la vérité...

     

    Tristement, chez nous, les hommes ne bandent pas...

    Je viens d’un peuple d’amazones, toutes plus belles

    Les unes que les autres ; comme des hirondelles,

    Chaque année, nous migrons toutes ici-bas ;

     

    Nous choisissons toujours l’époque du carnaval ;

    Nous nous fondons dans la foule, moment idéal

    Pour prendre du plaisir et pour nous reproduire,

    Après avoir débusqué un mâle à séduire.

     

    Nous Faisons l’amour avant tout pour le plaisir ;

    Parfois avec en prime un enfant à venir.

    Entre filles au cours de nos conversations

    Nous notons vos exploits après concertations ;

     

    Ainsi fus-tu élu le meilleur étalon ;

    Nous demanderons encor ta contribution.

    Beaucoup de mes amies prétendent à te connaître

    Impatientes, attendant le carnaval à naître. »

     

    Torrides comme l’enfer, habitées par cent diables,

    D’un autre univers furent leurs belles retrouvailles ;

    Les deux corps s’enflammaient sur les draps de lit, blancs.

    Au matin, elle partit au milieu d’éclairs blancs.

     

    Et depuis ce jour-là, du chat noir au printemps ;

    Une jolie femme à peau bleue à son bras

    Le rend heureux ; puisse durer longtemps le temps

    Où ces filles d’autres cieux murmurent là-bas…

     

    « C’est le maître queue des bals du carnaval !

    Un feu brûle dans son cœur…C’est un vrai cheval ! »

    Toutes rêvent de finir un jour dans son lit

    D’avoir le privilège de goûter à son vit.

     

    Au bal, si tu croises une fille à peau bleue

    Et que tu désires tirer un joli coup ;

    Brûle quelques cierges, prie bien le bon dieu

    Pour que ce jour-là tu puisses tenir le coup.

     

    N’hésite–pas ! Si tu en as vraiment envie ;

    Avec fierté, dresse haut le mât, hisse les grands-voiles,

    Prend l’occasion au moins une fois dans ta vie

    De pouvoir éjaculer jusque dans les étoiles.

     

     Le Loup rouge aux yeux bleus

     

    Le carnavaleux et l’extra-terrestre.

     

     

     

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