• Carnaval de Dunkerque

    Je ne suis pas originaire de Dunkerque. J'avais bien entendu un peu parler de son carnaval mais sans plus, en fait je n'y connaissais pas grand chose.  Lorsque je suis arrivé dans cette ville, des amis m'ont rapidement converti à cette religion peu orthodoxe tournée vers la convivialité, la fête et le sourire.

    Comme la plupart de ces amis, j'ai commencé à "faire chapelle" et au cours de ces chapelles, il m'est arrivé d'écrire quelques textes et d'y imaginer des aventures carnavalesques parfois un peu grivoises..

    Je vous les livre à la suite.

     

  • Ce premier texte retrace un peu mes premières impressions.

    Carnaval

    Lorsque je suis arrivé à Dunkerque, je ne m’imaginais pas ce que pouvait être son carnaval.

    Quelques roulements de tambour s’étaient bien fait entendre jusqu’aux frontières de l’Oise, en Picardie, mais sans plus, rien d’exceptionnel.

    Tout d’abord, je me suis étonné de l’augmentation significative de la gent féminine les trois premiers mois de l’année. J’avais d’ailleurs croisé quelques demoiselles assez viriles qui se tordaient les chevilles dans des souliers à hauts talons, bien trop poilues et moustachues à mon goût.

    • Pourtant ! On n’est pas chez Michou m’étais je écrié, à moins que son cabaret n’ait fait des émules.

    C’est pour le carnaval, me confièrent des amis, si tu veux y participer, tu devras te déguiser en femme.

    • Pas même dans vos rêves ! Avais-je répondu.

    Puis j’ai sauté le pas, j’ai mis une jupe, enfilé des bas résilles, revêtu un chemisier, je me suis maquillé. J’ai cependant gardé la moustache pour marquer la différence, on ne sait jamais, cette tradition nous vient d’une époque où la marine était encore à voile et à vapeur.

    En fait, j’ai pris du plaisir à construire mon clet’che, qui s’il n’est pas tout à fait abouti, il changera encore, m’a permis de faire mes premier pas dans un univers que je ne connaissais pas.

    Ensuite, on m’a soufflé : Tu devrais faire chapelle.

    Chapelle, qu’est-ce cela ?

    J’imaginais des individus agenouillés devant un autel improvisé pour prier ou se recueillir, éclairés par quelques cierges aux lumières tremblotantes.

    En fait, pas du tout, faire chapelle, cela ressemble plutôt à un rite païen ou les fidèles communient à la bière et au saucisson. Les chants Grégorien sont remplacés par des chansons paillardes, le tout dans la joie et la bonne humeur.

    Le carnavaleux se doit également d’effectuer son chemin de croix.

    Ainsi, sous la houlette du tambour major, devra-t-il résister au chahut, survivre au Rigaudon.

    Ce ne fut pas toujours choses faciles pour le novice que j’étais.

    J’ai même rencontré des adeptes qui faisaient du prosélytisme. En particulier un certain Benoît F grand pape du carnaval et le nonce Patrice de St Pol, deux figures charismatiques de l’événement, ils n’ont pas leur pareil pour convertir les nouveaux arrivants, de plus, ils sont les détenteurs des objets du culte : Autocollants, badges, affiches ainsi que ces fameux calendriers sur lesquels figurent les principaux événements, bandes, bals, qui règlent la vie carnavalesque. L’une des dates les plus importantes, est celle où l’on peut observer la plus grande concentration de fidèles, réunis au pied du temple que représente l’hôtel de ville de Dunkerque. Là, le nez en l’air, dans un chahut indescriptible de couleurs chamarrées, ils attendent avec impatience le lancer de hareng, comme une offrande bénie des dieux servie du haut de l’édifice par quelques privilégiés honorés d’avoir été choisis par le maître des lieux. Celui qui réussira à en saisir un dans la houle du chahut, le conservera telle une relique comme preuve de son courage et de son habileté.

    Ensuite, tout le monde s’agenouille et par-dessus les rues de la capitale des Flandres, monte d’une seule voix, l’hymne à la gloire de Jean Bart, protecteur de la cité, âme et conscience du carnaval, grand fédérateur des carnavaleux.

    Pour moi, le carnaval, c’est avant tout :

    Le moyen de rencontrer de façon conviviale mes amis

    D’oublier en grande partie mes ennuis

    De m’affranchir de certaines inhibitions

    C’est également une belle tradition

    C’est pour cela que je me suis converti

    Mais pour devenir un masquelour averti

    Il me faudra encore un peu de pratique

    Respecter une certaine éthique

    Et grâce à ces bonnes intentions,

    Je pourrai parfaire mon initiation.

                                                         Le Loup rouge aux yeux bleus.

     


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  •                                            

    Corsaire une fois

            

     

    Corsaire une fois

     

                                         Assis sur le sable blond d’une dune,

                                         Seul, L’œil dans la vague, je contemple l’horizon,

                                         Indicible trait de plume, arc de lune,

                                         Où se pose ma rêverie, ma déraison.

     

                                               Vision évanescente, où je rêve

                                               D’infinis voyages et m’envole,

                                               Alors, tout un univers se lève,

                                               Mirage, ou mon esprit s’affole.

     

                                        Pour le roi, sous les ordres de Jean Bart

                                        Vieux loup de mer, je manœuvre la barre.

                                        Agile, escalade les câbles de hauban,

                                        Commande la manœuvre, fier comme Artaban.

     

                                        M’agite sur le pont de la poupe à la proue ;

                                        Avec ardeur, pousse les marins à la roue ;

                                        Avec mes camarades, j’affronte la tempête,

                                        Crains voir cent fois le navire courir à sa perte.

     

                                               Afin de limiter l’emprise des vents,

                                               Je cargue ou limite la voilure

                                               Pour du voilier maîtriser l’allure

                                               Et déjouer les vils caprices du temps.

     

                                       Puis, sur les flots soudainement calmés,

                                       La, ou une mer à peine ourlée par la brise

                                       S’abrite furtivement des éléments en crise,

                                       Dans une crique où des oiseaux palmés,

     

                                       S’ébattent, se poursuivent à grands cris, puis plongent

                                       Dans une onde claire comme du cristal de roche ;

                                       Du regard, je sonde l’eau profonde et je songe :

                                    « Comme il serait bon de vivre ici sans anicroche. »

     

                                       Les voiles sont abattues, l’ancre est jetée,                                

                                       Une chaloupe halée sur le pont, mise à flot.                                

                                       Il faut monter à bord, faire partie du lot

                                       Et Poser le pied sur cette rive enchantée.                                 

                                     

                                       Sous la magnificence de ces lieux,

                                       Les matelots du plus jeune au plus vieux,

                                       Ramollis par cette douce villégiature,

                                       Rechignent à partir pour une autre aventure.

     

                                       Voyant décliner fortement leur esprit guerrier,

                                       Le capitaine s’emporte, poussé par la colère,

                                       Menace les envoyer ramer dans une galère

                                       S’ils refusent tous encor longtemps d’appareiller.

                                     

                                        Leur âme de corsaire retrouvée,

                                        Laborieux, libre de toute pensée,

                                        Ils reprennent la mer, l’ordre enfin revenu,

                                        Vite, trouver une proie à mettre au menu.

     

                                        Soudain, par ses cris la vigie en alerte,

                                        Les hommes affairés sur le pont alerte,

                                        Sans perdre de temps, ils hissent la voilure,

                                        Aux limites des mâts, risquant la rupture.

     

                                        A quelques encablures navigue un vaisseau,

                                        Pour quel roi, quel pays, quel en est le pavillon ?

                                        Grâce au vent nous aurons réponse à cette question.

                                        Voilà ! C’est un Hollandais, un joli morceau.

     

                                       Jean Bart, monté sur le pont dirige la manœuvre,

                                       Fort de sa tactique, pour la victoire il œuvre,

                                       Sur le flanc du quatre mats habilement se porte,

                                       Ses hommes, en place pour la bataille il exhorte.

     

                                       Les canons du Dauphin prés au feu tonnent.

                                       Sautant sur leur proie depuis le bastingage,

                                       Les corsaires d’un cri montent à l’abordage,

                                       Forts, habiles et courageux, ils m’étonnent.

                                        

                                        Je me surprends en incomparable bretteur ;

                                        Distribue l’estocade, sème la terreur

                                        Sur le pont ravagé du navire ennemis.

                                        Puis, Je suis chargé de régler sans compromis

                                     

                                        Le sort des prisonniers sur le pont réunis.

                                        Au tréfonds d’une cale on viendra les jeter

                                        Sans que personne ne daigne s’en inquiéter ;

                                        Les morts pour sauver leur âme seront bénis

     

                                        Et leurs corps aux requins donnés à dépecer.

                                        Jean Bart étonné par mon grand courage

                                        Désire devant tous me rendre hommage ;

                                        Il commence à parler pour me congratuler.

     

                                        Tout à coup, le cri Déchirant et sauvage

                                        D’une mouette, à un mètre de mon visage ;

                                        Ce cri brutal me fait l’effet d’une bombe,

                                        Les images s’estompent, le rideau tombe.

     

                                        Fouetté par le vent à genoux sur la dune,

                                        Hébété, l’œil trouble, la tête dans la lune,

                                        Je me tâte, je suis habillé de fourrures,

                                        D’une jupe à pois, porte d’énormes chaussures ;

     

                                        En fait, c’est de mon clèt’che que je suis vêtu.

                                        Je me lève trop brusquement, chancelle un peu,

                                        Me redresse et marche face à un vent têtu.

                                        Fatigué, moulu de partout, la tête en feu, 

     

                                         Me dirige en direction du centre-ville,

                                         Passe sur le devant de l’hôtel de ville.

                                         Enfin, je pose pied sur la grand-place ;

                                         Là, trône la statue juste en face.

     

                                         Mon rêve à ses pieds ainsi parachevé,

                                         Le corsaire noble et fier le sabre levé

                                         Semble tout prêt à descendre de son piédestal

                                         Pour défendre sa vie, porter un coup fatal,

     

                                          Se battre pour cette cité qui l’a vu naître

                                          Sur laquelle il veille encore et toujours en maître.

                                          D’ailleurs, au soir, pas plus tard qu’hier,

                                          Sur cette place, digne et fier,

     

                                          A genoux sur le pavé de la rue,

                                          Le regard voilé tourné vers la nue,

                                          Faiblement éclairé par un lampion,

                                          J’entonnais cette fameuse chanson

     

                                         Au milieu de milliers de carnavaleux,

                                         Fidèles convertis chantant avec ferveur,

                                         La gloire de Jean Bart, louant l’homme d’honneur,

                                         Avec respect, de l’émotion dans les yeux.

     

                                          Puis en peu de temps la foule s’est dispersée

                                          Et nous sommes alors tous partis en bordée

                                          Ecumer les cafés. Nous fûmes invités

                                          Dans nombre de chapelles ; un peu éméchés,

     

                                         Dans l’aube naissante, d’humeurs taciturnes,

                                         Sorti de ces bacchanales nocturnes,

                                         Du côté de la plage je m’en fus errer.

                                         Sur un coin de sable je voulais me terrer

     

                                         Me reposer un peu, m’étendre, me délasser,

                                         Sous de meilleurs hospices pouvoir me dégriser.

                                         Trop épuisé, sur la dune me suis endormi,

                                        Avec un mal de crâne pour unique ennemi.

     

                                         De cette escapade sur une belle frégate,

                                         Moi qui ignorais ce que peut-être une régate,

                                         Je garderai dans un coin de mon cœur

                                         Le souvenir d’un instant de bonheur,

     

                                                      Où je fus, une heure,

                                                      Une heure, une fois,

                                                      Seulement une heure,

                                                      Corsaire du roi.

                                   

                                                                              P Letessier

     

    Corsaire une fois

     

                                        

                                       

                                        


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  •  

    Je vais vous conter l’histoire du beau Jimmy

    Qui s’en allait un soir au bal du carnaval,

    A celui des corsaires, dans le grand Kursaal

    Pour une longue nuit, complètement crasy.

     

    Vêtu de son Klet’che, joliment maquillé,

    Porteur d’un couvre-chef emplumé et fleuri,

    Après que les gardiens l’eurent tous, bien fouillé,

    Il traversa la grand-salle l’œil aguerri,

     

    Chahuté par la houle d’une foule éméchée.

    Bondissant hors d’une troupe de joyeux drilles,

    La plus craquante parmi quelques jeunes filles

    Dans l’élan, tel une pieuvre, resta accrochée

     

    Au beau Jimmy, qui étonné, le cœur battant,

    N’ayant eu à son bras et depuis fort longtemps

    Un si joli minois, se mit en cet arroi,

    A tanguer, à danser, comme le fou du roi.

     

    Elle avait une chevelure flamboyante

    Qui dévalait en une cascade brûlante,

    Un corps parfait, fruit sublime d’une nature

    Génitrice de la beauté à l’état pure ;

     

    Radieuse, sémillante, elle pétillait de feu ;

    Ses grands yeux mauves cerclés d’un liseré bleu

    Scintillaient d’étoiles issues d’un autre monde ;

    De mystérieuses ondes y dansaient une ronde.

     

    Jimmy était fasciné par le troublant regard

    De la demoiselle ; Cet ange né du hasard

    Etait-il réel ? Quel rêve faisait-il là ?

    Jamais une fille de ce gabarit là

     

    Ne s’était jetée ainsi au creux de ses bras.

    Il en restait pantois et ne comprenait pas

    Ce qui la poussait à s’intéresser à lui.

    Phantasme d’hier ! Réalité aujourd’hui !

     

    «Bon ! Ne rêve pas, elle n’est pas dans ton lit.»

    La belle quémanda alors un doux baiser ;

    Jimmy plutôt ravi ne se fit pas prier.

    «Ce soir, c’est carnaval, commençons bien la nuit ! »

     

    Au long de la soirée, il resta avec elle ;

    Ne but presque pas, se montra fort raisonnable ;

    Toujours aux petits soins, s’avéra très aimable ;

    Fier, à quelques amis, il présenta la belle.

     

    Au bout de la nuit l’orchestre stoppa le bal ;

    La fille le suivit à ses appartements ;

    Aux prémices de l’aube, ils devinrent amants.

    Il s’étonna du maquillage peu banal

     

    Qui couvrait le corps de la demoiselle ;

    Elle n’avait pour l’heure pas daigné l’enlever.

    Il faut le dire, mais la jouvencelle,

    Si belle, qu’elle n’avait plus rien à prouver,

     

    N’en était sûrement pas à ses premiers amours ;

    Lascive, elle avait ôté tour à tour ses atours.

    Il n’avait jamais ressenti tant de désir ;

    Quand monta en lui l’ultime instant du plaisir,

     

    Il crut soudain mourir,

    Mourir, mourir de jouir ;

    Le cœur explosé, le cerveau écartelé

    Par trop de sensations ; le regard envolé

     

    Vers une autre vie que l’on ne peut conter,

    Serrés l’un contre l’autre en train de sangloter,

    En apesanteur, ils avaient quitté la terre ;

    Ils firent bien...vingt fois l’amour ; par quel mystère?

     

    Aussitôt prêt, vite raide, il banda toujours

    Et cela sans arrêt jusqu’à la fin du jour.

    Après bien des ébats, enfin ils s’endormirent,

    Apaisés, enlacés, ils semblaient se sourirent.

     

    Le lendemain matin quand Jimmy s’éveilla,

    Elle s’était enfuie, elle était disparue.

    Longtemps il pleura, longtemps il se demanda :

    S’il n’avait pas, tout simplement eut la berlue.

     

    Au fil du temps, doucement il se consola ;

    Le cœur serré, à ses amis il en parla ;

    «L’effet carnaval ! » Disaient-ils d’un rire franc.

    Minuit, jour de Noël, après un éclair blanc,

     

    Elle frappa à la porte côté jardin ;

    Elle tenait à la main un joli couffin

    Avec à l’intérieur, une fille, un bébé

    Toute potelée ; il en resta bouche bée.

     

    « Voilà ! C’est lui ton père ! » Dit-elle à l’enfant,

    Qui avait la peau bleue comme un ciel d’été ;

    Malicieuse, elle ajouta en le regardant :

    «Bien ! Je me dois de te dire la vérité...

     

    Tristement, chez nous, les hommes ne bandent pas...

    Je viens d’un peuple d’amazones, toutes plus belles

    Les unes que les autres ; comme des hirondelles,

    Chaque année, nous migrons toutes ici-bas ;

     

    Nous choisissons toujours l’époque du carnaval ;

    Nous nous fondons dans la foule, moment idéal

    Pour prendre du plaisir et pour nous reproduire,

    Après avoir débusqué un mâle à séduire.

     

    Nous Faisons l’amour avant tout pour le plaisir ;

    Parfois avec en prime un enfant à venir.

    Entre filles au cours de nos conversations

    Nous notons vos exploits après concertations ;

     

    Ainsi fus-tu élu le meilleur étalon ;

    Nous demanderons encor ta contribution.

    Beaucoup de mes amies prétendent à te connaître

    Impatientes, attendant le carnaval à naître. »

     

    Torrides comme l’enfer, habitées par cent diables,

    D’un autre univers furent leurs belles retrouvailles ;

    Les deux corps s’enflammaient sur les draps de lit, blancs.

    Au matin, elle partit au milieu d’éclairs blancs.

     

    Et depuis ce jour-là, du chat noir au printemps ;

    Une jolie femme à peau bleue à son bras

    Le rend heureux ; puisse durer longtemps le temps

    Où ces filles d’autres cieux murmurent là-bas…

     

    « C’est le maître queue des bals du carnaval !

    Un feu brûle dans son cœur…C’est un vrai cheval ! »

    Toutes rêvent de finir un jour dans son lit

    D’avoir le privilège de goûter à son vit.

     

    Au bal, si tu croises une fille à peau bleue

    Et que tu désires tirer un joli coup ;

    Brûle quelques cierges, prie bien le bon dieu

    Pour que ce jour-là tu puisses tenir le coup.

     

    N’hésite–pas ! Si tu en as vraiment envie ;

    Avec fierté, dresse haut le mât, hisse les grands-voiles,

    Prend l’occasion au moins une fois dans ta vie

    De pouvoir éjaculer jusque dans les étoiles.

     

     Le Loup rouge aux yeux bleus

     

    Le carnavaleux et l’extra-terrestre.

     

     

     


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  •       

    Le génie du carnaval.

     

     

    J’ai fait un rêve étrange dans l’Égypte lointaine

    Sortit du plat pays, l’hôtel de ville de Dunkerque

    C’était égaré au pied des pyramides

    Tel l’obélisque rendu à l’Égypte.

     

    Surgit d’un conte des mille et une nuits

    Comblé des plaisirs du carnaval de Dunkerque

    Désireux d’emporter sur ses terres arides

    Le joyeux souvenir d’une journée mémorable

     

    Un pharaon emmailloté de bandelettes

    Venu des gorges du Nil, sur un tapis volant

    Du phare du menteur, de cette lampe mythique

    D’un geste enchanteur, en tira un génie.

     

    En un clin d’œil, d’un tour de magie

    L’étrange personnage, arracha l’édifice

    Et le déposa au pied de Kheops

    Où il trôna durant toute une nuit.

     

    Chaque année, l’enchantement se renouvelle

     Et depuis ce jour, tous les carnavaleux

    Chevauchant des chameaux, du sable dans les yeux

    Font un petit détour lors de la bande de Dunkerque.

     

    Tel un délirant et long serpent de mer

    Caravane de couleurs, ces vaisseaux du désert

    Apportent avec eux dans cet aride lieu

    Au pied du sphinx, l’esprit du carnaval.

     

    Sous un ciel étoilé, par un beau clair de lune

    Surplombants le fronton de l’hôtel de ville

    Profilés sur la pointe d’une imposante pyramide

    Alors, on peut voir au sommet d’une dune

     

    S’embrasser les ombres de Pharaon et Jean Bart.

                                                          Le Loup rouge aux yeux bleus

                                             

    Le génie du carnaval.

    Le génie du carnaval.

     


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  • Jour de bande à Dunkerque, pour la première fois,

    La timide, douce et très jolie Marie

    S'en va au carnaval, seule sans son mari

    Qui le dos aussi raide qu'une gueule de bois

     

    Sur ordre du médecin doit garder le lit.

    Tôt, elle prépare son clet'che, se maquille ;

    Après un zotche, elle sort, radieuse, sourit ;

    Elle a le cœur tout léger, ses jolis yeux brillent.

     

    De sémillantes couleurs inondent les rues

    D'un flot extravagant bigarré et en crue ;

    Du centre-ville jusqu'aux plus reculés faubourgs

    Roule pompeusement le son sourd des tambours.

     

    Tout d'abord, elle se rend chez l’aîné de ses frères ;

    Rue de la liberté, il y tient chapelle,

    Là, beau comme un dieu, le regard plein de mystères,

    On lui présente alors l’envoûtant Gabriel.

     

    Il a de grands yeux clairs, des yeux qui hypnotisent.

    Elle frissonne ; un long frisson de convoitise

    Lui monte dans le dos, s'infiltre sous sa peau,

    Roule sur tout son corps comme des perles d'eau.

     

    Il est si beau, de lui émane un charme étrange ;

    Deux ailes dans le dos ; un clet’che peu banal

    Lui donne un aspect, mis homme, mis animal.

    Il est si mignon, ce ne peut être qu'un ange.

     

    Qu'il ferait bon se blottir au creux de ses ailes !

    Songe Marie, mais cette douce folie,

    Ce rêve interdit, elle, toujours si fidèle

    Se doit d'oublier une telle ignominie.

     

    Soudain, il lui prend la main, l'invite à le suivre ;

    « Vite ! Dépêchons-nous...La bande est sur la place !»

    On entend gronder les tambours, sonner les cuivres,

    Des chansons montent joyeusement dans l'espace.

     

    Ils rejoignent la bande, remontent la rue

    Principale de la capitale des Flandres.

    Du haut de l'hôtel de ville, tel des offrandes,

    Tombe une pluie de harengs, la foule afflue.

     

    Ensuite, tous les carnavaleux se dispersent ;

    Marie se laisse conduire de chapelle

    En chapelle, se grise de bières diverses,

    S'enivre d'une liberté toute nouvelle.

     

    Le temps passe trop vite ; après le rigodon,

    Alors que s'éteint une dernière chanson.

    Marie se serre contre son compagnon ;

    Furtivement lui adresse un baiser fripon.

     

    Il l’enlace, au pied de Jean-Bart d’un coup l’emporte ;

    Contre la statue, Marie s’abandonne,

    Sous de douces caresses, la belle frisonne ;

    Un désir fou l’inonde, l’envie est trop forte.

     

    Le beau Gabriel de ses ailes l’enveloppe

    Puis il la soulève et la pénètre d’un coup,

    Avec ses bras, elle lui enlace le cou ;

    Marie s’est muée en Marie salope.

     

    Perdue dans l'orage d’un corps qui s’embrase

    Et n’a jamais connu une semblable extase,

    Elle jouit crevant les cieux d’un éclair brûlant,

    Elle jouit sous l’étreinte de son divin amant.

     

    De ses pieds, à la pointe dressée du sabre,

    Jean-Bart est tout ébranlé ; les yeux animés

    D'indicibles plaisirs qui la font se pâmer,

    Marie sent soudain une lave cinabre,

     

    Au tréfonds d’elle, la dévorer toute entière.

    Encore frémissante, sans adieu, sans baiser,

    Son amant l’abandonne ayant fait son affaire ;

    Heureux et tout guilleret, d’un coup d’aile aisé,

     

    Il s’envole, disparaît au fond de la nuit.

    Marie reste seule, Marie se vexe ;

    Crie son désarroi au bel ange qui s’enfuit

    Pourquoi un ange, les anges n’ont pas de sexe.

     

    Pourtant celui-là était plutôt bien fourni

    Songe-t-elle déjà avec mille regrets.

    Il ne lui reste plus qu’à garder le secret,

    De ce jour de folie, de ce jour Béni.

     

    Seule, seule, elle erre tristement sur la place

    Maintenant, il ne lui reste plus qu’à rentrer.

    Son mari ! Joseph ! Ce courageux charpentier

    Qui sur le port travaille au radoub de barcasses

     

    Elle s’en veut maintenant de l’avoir trompé.

    Rendue à la maison, complètement pompé

    A tâtons sans bruit, elle monte se coucher

    De rentrer si tard, elle craint de le fâcher.

     

    Les mois passent, son petit ventre s’arrondit

    Marie se mue en Marie Madeleine.

    C’est un fils qu’elle attend, on le lui a prédit.

    Les mauvaises langues ne restent pas en peine.

     

    Quelques témoins présents dans la bande murmurent

    C’est le fils de Jean-Bart, le fils du carnaval. 

    Jaloux, ces gens-là bavent tel de vieux chacals

    Et souvent se complaisent dans leur vomissure.

     

    Alors que décembre pointe un nez tout gelé,

    Le bébé trépigne, il aimerait bien sortir.

    Il est minuit, Noël sonne à toute volée ;

    L’enfant naît, mais quel sera donc son avenir ?

     

    Ce bébé Marie, elle le baptise Pinte

    On le oint de bière comme d'une huile sainte.

    Adepte du houblon, ennemi de la flotte

    Il sera carnavaleux ; toujours en ribote,

     

    Il fera tous les bals, suivra toutes les bandes

    Du carnaval il en écrira la légende.

    Mais l'an prochain, je vous conterai son histoire.

    Trinquons à sa santé ! Servez-vous donc à boire !

                                                          Le Loup rouge aux yeux bleus

    Marie.

                                     

     

     

     

     

     

     


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  • Rappelez-vous ! C'était il y a bien longtemps,

    Sur la place Jean-Bart, à Dunkerque le soir.

    Marie, dans un bref moment d'égarement…

    Du carnaval, elle changea toute l’histoire.

     

    L’enfant, agneau de Jean-Bart, on l’appela Pinte,

    Prénom prédestiné pour un maître à boire ;

    Il devint carnavaleux, voici son histoire :

    C'était un homme heureux, il affrontait sans crainte

     

    Tous les buveux des bals, tous les buveux des bandes,

    Sans jamais ressentir une once d’ivresse,

    Sans jamais souffrir de l’infinie paresse

    D’un crâne douloureux dansant la sarabande.

     

    Il avait douze amis, ils étaient ses complices,

    Préféraient tous le houblon à la fleur d’anis,

    Il était leur mentor durant le carnaval,

    Le guide spiritueux des bandes, des bals ;

     

    Alors qu’il venait tout juste d’avoir trente ans

    Se produisit un événement effrayant.

    On prédisait une pénurie de bière.

    Tous les carnavaleux multipliaient les prières

     

    Pour ne pas subir une semblable bassesse.

    Les brasseurs... fous ! Ne voulaient plus vendre de bière.

    Dunkerque ne répondait pas aux nouveaux critères

    D’attribution du nombre de fûts en perce.

     

    Par un lourd sommeil, Pinte fit un rêve étrange ;

    Jean-Bart lui parlait au travers la voix d’un ange :

    « Mon fils ! Crois-moi ! Tu peux sauver le carnaval.

    Tu possèdes en toi le don paranormal 

     

    De pouvoir changer facilement l'eau en bière.

    Demain au réveil, tu pourras l'utiliser. »

    Et dans son verre à dent, après une prière,

    Au petit matin, légère, douce et frisée,

     

    Une mousse blanche sur un liquide ambré

    Garnissait jusqu'au col le verre transparent.

    Il prit une goulée, le dos bien cambré,

    Les yeux clos, la main et le menton tout tremblant,

     

    Traversé tout entier d'une grande émotion ;

    Son front haut luisait, perlé de transpiration.

    Il sourit. Son visage soudain s'éclaira

    Il se regarda dans le miroir, s’écria :

     

    « Miracle, Incroyable, elle est divinement bonne

    De quoi donner espoir aux rois de la déconne.

    A Fort-Mardyck, à Saint Pôl, ils vont être heureux.

    Mais méfions-nous, les brasseurs vont être furieux. »

     

    Enfin, voilà que la première bande a lieu.

    Trois cuves d'eau sont disposées au milieu

    De la place Mandela. Les carnavaleux

    Chantent agenouillés, ils ont l'air malheureux.

     

    Pinte arrive majestueux. D'un geste auguste

    Il salue, puis murmure une incantation.

    L'eau se transforme en bière à la stupéfaction

    De la foule. Son meilleur pote la déguste.

     

    « Parfais ! Crie-t-il. Elle est divinement exquise.

    Parmi ses douze amis, quelques-uns s'organisent

    Saint Sixtus en spécialiste tire les bières ;

    Puis Saint Barnabéus distribue les verres.

     

    Voilà, pour cette année, carnaval est sauvé.

    C'est avec ferveur qu'ils font le rigodon

    Et un peu éméchés qu'ils rentrent à leur maison.

    Au beau milieu de la nuit, Pinte est enlevé.

     

    Une bande de brasseurs, l'âme vengeresse

    L'a sorti du lit pour l'emmener sur la plage.

    Maltraité, flagellé, en très grande détresse

    Il retient ses cris, fait preuve d'un grand courage.

     

    Bras en croix, on le cloue sur une canette

    Devinez ? De coca. Quelle pire infamie

    Peut-on lui faire subir ? Il est si honnête,

    On ne lui connaît point la moindre âme ennemie.

     

    Au petit matin, la foule assiste au supplice

    Et de ses bourreaux, elle se montre complice.

    Le peuple, trop souvent versatile, applaudit.

    De bière ils n'auront plus et ils seront maudit.

     

    Les jours suivant, les marées sont plus fortes

    Seul le crâne de Pinte sort de la flotte

    Ah ! Mourir sous l'eau. Que le diable les emporte.

    Et soudain tout se brise, les vagues l'emportent.

      

     Ses amis pleurent envahis par trop de tristesse.

    Pour se consoler, il y aurait bien l'ivresse,

    Mais il ne reste absolument plus rien à boire.

    Bientôt les trois joyeuses, un grand désespoir

     

    Habite Dunkerque et les vrais carnavaleux,

    Dégoûtés, veulent assurément rester chez eux.

    Basse ville, quelques masquelours se promènent.

    Soudain, se produit un drôle de phénomène.

     

    La moindre parcelle d'eau se transforme en bière ;

    Flaques, jets d'eau, fontaines et de tous tuyaux

    Sort un liquide ambré aux reflets de lumière.

    En tous lieux fluent ces écoulements royaux.

     

    Rapidement tous les masquelours se maquillent

    Avec joie et bonheur, de leur kletsche ils s'habillent.

    Enfin, les voilà partis pour trois jours de fête

    Ils vont pouvoir se lâcher, chanter à tue-tête.

     

    Les trois joyeuses se passent sans incident.

    La bière alimente sans excès la gaîté

    Elle est bonne, équilibrée, grise divinement ;

    Une boisson pleine de générosité.

     

    Aujourd'hui Pinte est devenu une légende.

    On raconte qu'il trône aux côtés de Jean-Bart

    Sous le regard bienveillant du bon Copinard

    Il restera toujours dans le cœur de la bande.

     

    Depuis ce jour béni, ce jour de réjouissance

    Les carnavaleux louent le fils de Jean-Bart

    Ils ont tous adopté ce rite plutôt étrange

    La flexion du coude juste au-dessus du bar.

     

                                                        P Letessier


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